connerie en duo. Céleste

Lorwels University. Le nom roule difficilement dans sa bouche, il a un certain goût d'amertume et de renfermé. De passé regretté. En arrivant en ville, Rosaleen avait juré à sa mère qu'elle irait à l'université, qu'elle finirait ses études de droit dans cinq belles années et qu'elle travaillerait dans un beau cabinet. Et aujourd'hui, elle se retrouvait derrière le comptoir d'un bar huppé. Si Rosaleen croyait il y a peu préférer mille fois sa vie actuelle plutôt que celle qu’elle aurait pu avoir, elle se pose aujourd’hui sérieusement la question. Mais à chaque fois qu’elle songe à reprendre ses études, une immense flemme l’envahit. Les études, ça l’intéresse pas, ça c’est sûr. C’est une étape obligatoire, personne veut la faire, etc. Ça aussi, elle en a conscience. Mais elle est bien loin de trouver la motivation pour obtenir son diplôme, et surtout remettre les pieds dans n’importe quel bâtiment lui imposant de s’asseoir, d’écouter et d’écrire. Apprendre, elle adore ça, elle en quémande en veux-tu et en voilà. C’est le principe même qui fonde l’enseignement contemporain qui la rebute.
Ce n’était pas une certaine nostalgie qui avait porté ses pas jusqu’ici. C’était bel et bien le jeu. On lui avait attribué un défi, on lui avait envoyé le numéro de son partenaire, et elle s’était pointée au rendez-vous qui stipulait : devant le premier bâtiment de l’université de Lorwels, à 1h30 du matin. Jean et pull sombres, bottines bordeaux, manteau noir, Rosaleen se fondait dans l’obscurité. Seule l’extrémité de sa cigarette luit dans le noir. Elle en est à sa troisième, et sa patience s’amenuise aussi vite que son paquet se vide. Elle est arrivée bien trop en avance, c’était son unique faute, et ce n’est pas la hâte d’arriver qui était responsable mais plutôt celle de quitter le bar. Elle finissait son service beaucoup plus tôt, le mardi. Il y avait peu de monde, il fallait l’avouer.
Dans son sac, une bombe de peinture. Dans son ventre, des nœuds qui s’entremêle. Au loin, une silhouette qui approche. Et l’heure fatidique qui court à grand pas vers elle.

connerie en duo

Céleste n'a pas remit les pieds à l'Université depuis qu'elle a obtenu son diplome. Son travail à l'agence lui prend finalement beaucoup plus de temps qu'elle ne l'aurait cru en acceptant le poste. Après tout, elle s'est retrouvée catapulté à la tête d'un service dont son patron ne veut pas entendre parler : les criminels, ou du moins, certaines personnes ne gagnant pas forcément la totalité de leur argent de façon légale (et c'était le cas pour certains grands patrons d'entreprises). Son patron ne veut pas en entendre parler et a tout simplement laissé à Céleste le soin de s'organiser comme bon lui semble tant qu'il n'a aucune connaissance des activités sombres de ses clients. Au moins, il est en sécurité si jamais les soupçons commencent à peser sur la boite.
Il est presque une heure et demie du matin quand elle émerge dans la nuit noire, une clope à la bouche et tenant fermement son sac à dos sur une épaule. A l'intérieur, elle a entassé quelques bombes de peintures de différentes couleurs qu'on lui a demandé d'apporter pour le défi. Habillé en noir de pied en cap, seule sa chevelure blonde semble faire défaut à son accoutrement. Comme il n'y a qu'une seule autre personne devant les grilles, elle en déduit qu'il s'agit de sa partenaire de crime pour ce soir. « Astrée.» se presente-t-elle sobrement à la jeune femme, utilisant son pseudo sur le net plutôt que son prénom. Elle allume tranquillement la caméra de son téléphone, filmant ses pieds pour l'instant. Elle inspecte la grille, un peu soucieuse. Elles devraient certainement s'entraider pour la franchir. « Je te fais la course échelle et tu m'aides après? ». Elle balance son sac au dessus de la grille, où il atterit en faisant cogner toutes les bouteilles de peinture ensemble. Elle lance un regard un peu confus à sa partenaire et cale ses mains l'une contre l'autre pour qu'elle puisse y prendre appuie avec son pied.